lundi 15 février 2016

La guerre des accents

Cher Journal,

Comme tu le sais, je suis Québécoise, et fière de l'être ! À l'image de la culture qui m'a élevée, je suis chaleureuse, souriante, rieuse et accueillante. Je suis fière de mes racines, et comme tout le monde chez moi, j'ai l'accent québécois.

J'ai le plaisir de côtoyer des Français depuis plusieurs années, et malgré toutes les bonnes intentions que peuvent avoir les gens, le même sujet revient : "Ah ! Mais tu es Canadienne, tu as l'accent !", me disent-ils tous avec un grand sourire. Oui, j'ai l'accent québécois, et c'est drôle de voir les réactions des gens alors qu'ils découvrent ma drôle de façon de parler ou des expressions un peu bizarres à leurs oreilles.

Mais ça devient vite lassant de toujours revenir au même sujet de conversation avec chaque personne que je rencontre. À un certain moment, le sentiment que les gens accordent plus d'importance à mon accent plutôt qu'à ce que j'ai à dire devient de plus en plus fort. C'est devenu très frustrant à la longue, c'est pourquoi, par un beau jour, j'ai choisi de prendre l'accent français lorsque je parlerais avec mes amis européens.

Et ça marche ! Incognito, on me prend maintenant pour l'une des leurs, et quand on découvre que je viens du pays des Caribous, on me dit désormais "Ah mais c'est marrant, t'as pas l'accent !". Ainsi, la guerre de l'identité de l'accent se déclare. Du côté québécois, on me dit que je renie mes racines. Du côté français, on me dit que c'est dommage de ne pas faire entendre mon accent aux gens. Mais aucun de ces deux partis me tient compte de ce qui me plaît, à moi. 

Mon identité se bâtit-elle réellement autour de mon accent ? Est-ce que je perds vraiment ce qui me qualifie de Québécoise lorsque je traverse l'océan ? Je garde mon accent québécois quand je suis au Québec. J'adapte lorsque je vais en France. Pourrait-on dire que j'ai une double identité, au même titre que j'aurai, d'ici quelques années peut-être, une double nationalité ? Quand on y pense, c'est une idée séduisante. J'embrasserai mes deux identités sans faire entrer l'une en conflit avec l'autre. Elles vivront tout simplement en moi, en harmonie.


mercredi 10 février 2016

Première étape : le passeport !

Cher Journal,

La première étape me rapprochant de mon objectif est complétée : j'ai obtenu mon passeport ! Et pas n'importe lequel, cette fois c'est un passeport biométrique d'une durée de 10ans. 

Toute contente que je suis, j'ai quand même pris la peine de me demander ce qui distingue mon nouveau passeport biométrique de mon ancien passeport ordinaire.



D'abord, quelles sont les ressemblances ? Dans les deux cas, il y est tout simplement écrit "Canada / Passport / Passeport". On y voit un dessin emblématique du Canada un peu chargé, mais lorsqu'on regarde d'un peu plus près... mais oui ! Il s'agit bien d'une licorne, juste là à droite ! Qui aurait cru que ce bel animal légendaire me fasse l'honneur d'orner mon précieux document de voyage ? Ils sont créatifs, les artistes gouvernementaux ! Bref, en plus de ce joli dessin, on y retrouve la version latine de notre devise nationale : "D'un océan à l'autre". 

Mais alors, qu'est-ce qui différencie mon nouveau passeport de l'ancien ? Le passeport ordinaire a une couverture souple et est d'un bleu très foncé. Le biométrique a une couverture rigide et est d'un bleu légèrement plus pâle, en plus de comporter un petit pictogramme indiquant qu'il peut collecter les données biométriques des voyageurs. Également, puisque j'ai choisi un passeport d'une durée de 10ans au lieu de 5, mon passeport comporte plus de pages.

Parlant des pages d'ailleurs, le passeport biométrique canadien comporte une touche fort sympathique : une petite surprise visible à la lumière UV. Eh oui, au lieu d'utiliser une bête technique anti-fraude, nous avons là toutes sortes de dessins supplémentaires pour le plaisir des yeux. Et c'est un dessin différent à chaque page. Admirez !


Bon, d'accord, c'est bien joli les feux d'artifice, mais concrètement, ça sert à quoi un passeport biométrique ? En réalité, il a été conçu pour regrouper électroniquement la photo et les empreintes des voyageurs. Cela peut permettre de passer plus rapidement aux douanes, mais dans un nombre restreint de pays possédant les bornes nécessaires. Cette technologie n'a été que très peu développée en Amérique alors qu'elle est fréquente en Europe. Malheureusement pour moi, pour passer dans ces bornes, il faut posséder un passeport européen... dommage, je vais devoir patienter dans la file des voyageurs étrangers quand même !

Tout ça pour ça, au moins je suis contente d'avoir mon passeport. La prochaine étape sera de l'orner de mon prochain visa !


mercredi 3 février 2016

Pourquoi ?

Cher Journal,

Voilà une question bien compliquée. Et pourtant, on me la pose souvent lorsque je parle de mon départ. "Pourquoi veux-tu faire ça ?", "Pourquoi ne pas rester au Québec ?", "Pourquoi faire si compliqué ?", "Pourquoi c'est toi qui pars et pas lui qui vient ?"...

Ça fait beaucoup de questions, non ? Malgré tout, j'aime y répondre, cela permet aux gens de comprendre un peu mieux ce qui me motive à partir. Je te l'ai déjà dit, on entend souvent parler des gens qui immigrent, à qui on demande habituellement "D'où viens-tu ?", "Depuis combien de temps vis-tu ici ?", "As-tu encore de la famille dans ton pays ?", mais je pense qu'apprendre qu'une personne de notre connaissance planifie d'émigrer est quelque chose de déstabilisant. J'ai l'impression que les gens envisagent mal cette possibilité, peut-être est-ce un élément culturel à cette terre d'accueil qu'est le Canada ? Quoiqu'il en soit, l'annonce de mon départ suscite toujours de multiples réactions et laisse rarement les gens indifférents.

Et toi, mon Journal, tu dois aussi te demander ce qui me motive à m'envoler vers la France, hmm ? Tout ceci n'est qu'une longue histoire d'amour. Le point de départ est mon amour des voyages. Ma valise n'est jamais trop loin, et je suis toujours prête pour de nouvelles découvertes autour du monde. Merci à mes parents de m'avoir transmis ce goût de l'aventure, ce cadeau si merveilleux qui vient avec une curiosité insatiable !

Mon deuxième amour est celui de la découverte. Comment est-ce que ça se passe, ailleurs ? Qu'est-ce qui est semblable avec le Québec ? Qu'est-ce qui est différent ? Commençant à bien connaître la France, je m'émerveille à chaque fois de toutes les subtilités qui la séparent d'un mode de vie Nord-Américain. Certes, ce n'est pas un dépaysement total, mais c'est pour moi assez différent pour me faire changer d'univers. L'Europe a cet avantage d'avoir une Histoire riche et de nombreux pays et cultures sur un territoire relativement petit. N'est-il pas génial d'avoir toutes ces merveilles à portée ? En combinant nouveau mode de vie, découverte et voyages, j'obtiens le meilleur des mondes, non ?

Eh bien non, justement. C'est encore plus beau que ça, car j'irai vivre auprès de l'homme que j'aime. Il fait aussi l'objet de beaucoup de questions, par contre. Certains pensent que je me sacrifie pour aller le rejoindre à Lyon. Pourtant, je fais cela avant tout pour moi. C'est vrai, il fallait bien que l'un de nous deux aille rejoindre l'autre, mais mes deux premiers amours m'attirent de toutes leurs forces vers le troisième. On joint l'utile à l'agréable, j'ai envie de dire ! Quoi qu'il en soit, je ne regrette pas mon choix et c'est avec le sourire que je pense à mon avenir.

Alors pourquoi ? C'est pour ces raisons, entre autres, et je tâcherai de te transmettre toutes les autres au fil de tes pages.