mercredi 27 avril 2016

Dire "au revoir"

Cher Journal,

Si jusqu'à maintenant je t'ai parlé de mon grand projet avec autant d'enthousiasme, c'est parce que je ressens une réelle joie à l'idée de vivre cette merveilleuse aventure. Beaucoup de gens seraient curieux de savoir ce que c'est de vivre à l'étranger, dans une nouvelle culture, un nouveau mode de vie, et j'ai la chance de pouvoir réaliser ce rêve.

Mais ce rêve implique un sacrifice. Je vais devoir quitter ma famille et mes amis. Annoncer la nouvelle de mon départ à mon entourage n'a pas été facile, car si certains se réjouissaient pour moi, d'autres voyaient une séparation arriver plus vite qu'ils ne l'auraient voulu.

C'est ce sujet sensible et délicat qui représente l'autre côté de la médaille. Oui, c'est une grande aventure, je vais aller rejoindre l'élu de mon coeur pour aller faire ma vie avec lui, mais je ne peux me sentir entièrement joyeuse lorsque j'y pense, car en contrepartie je quitte tout le confort que je connais : ma famille, mes amis, ma maison, mes habitudes...

Tout quitter pour plonger dans l'inconnu fait peur. Une petite voix intérieure me demande parfois "Fais-tu le bon choix ? Et si tu te trompais ? Comment sais-tu que tout se passera bien ?". Je n'ai pas cherché à la faire taire lorsqu'elle s'est manifestée. Partir ne se fait pas sur un coup de tête, et j'ai longuement retourné la question dans ma tête. À chaque fois, je me sentais attirée par mon rêve, pour toutes les raisons que tu connais déjà.

Je fais confiance à mon instinct, qui me dit que malgré les embûches, les obstacles et les difficultés, tout se passera bien. Ce n'est pas une décision prise à la légère : elle est l'aboutissement d'un long questionnement et d'un sérieux examen intérieur. Est-ce vraiment ce que je veux ? Je peux maintenant répondre "Absolument" sans hésiter.

Mon choix en est un qui est déchirant, mais il me sera possible de garder contact avec mon entourage grâce à Facebook, Skype et mon forfait qui me permet les appels à l'international. Ça ne remplacera pas le contact en personne, c'est pourquoi je compte voyager souvent pour voir ceux que j'aime. Le plus beau dans tout cela, c'est que nous ne serons pas contraints de nous voir à Montréal ou Lyon seulement : il existe tant de destinations possibles où nous pourrons nous retrouver ! Dans les Caraïbes ? Pourquoi pas ! Au Pérou ? Avec plaisir ! Au Japon ? Oh que oui !

Ce serait tellement plus simple si la distance ne nous empêchait pas de voir les gens qui nous sont chers, et le jour où la machine de téléportation sera inventée, je serai la première dedans dans le but ferme d'aller voir ma famille. En attendant, je vais devoir faire avec les moyens que nous avons présentement.

C'est donc avec tout mon amour que je dirai à mon entourage, le moment venu : à bientôt pour de belles aventures ensemble ! 


mercredi 20 avril 2016

Autre pays, autre monde

Cher Journal,

Il est probable que tu penses qu'en partant en France, je ne changerai pas vraiment ma façon de vivre puisque nos cousins d'outre-mer et nous avons plusieurs points communs. D'ailleurs, tu n'as pas entièrement tort, car plusieurs éléments sont très semblables de par un mode de vie occidental. Mais il existe quand même des différences notables qui marquent bien le changement de pays quand on prend l'avion.

Moi qui suis une grande amoureuse de la cuisine, la première différence est au niveau de la nourriture, des aliments et de tout ce qui entoure l'art culinaire. Lyon n'est-elle pas la capitale de la gastronomie ? Ça se voit (et ça se goûte) ! Dans le pays du pain, du vin et du fromage, on y retrouve des spécialités locales qui n'existent pas au Canada (ou alors à un prix exorbitant), et c'est toujours un plaisir de déguster les merveilles que la France a à offrir à mes papilles.

Malgré des plats absolument délicieux qui m'attendent dans ma future ville, je dois quand même renoncer à certains aliments ou marques qu'on ne retrouve qu'au Québec. Au revoir au sirop d'érable, à Laura Secord, à Rolo... oui, j'assume pleinement ma dent sucrée.

Cela dit, il y a tout un travail d'adaptation à faire au niveau des marques. IGA devient Carrefour, et bonne chance pour retrouver nos marques préférées alors qu'on se sent perdu dans les rayons les plus simples. N'empêche, nos yeux recherchent ce qu'on connaît : des couleurs qu'on a l'habitude de voir en faisant les courses, un logo, une écriture particulière qui nous fera reconnaître un produit, mais c'est raté, tout est si différent ! C'est alors le moment de tenter de nouvelles expériences, de goûter à ce qu'on ne connaît pas encore et de faire de belles découvertes. Aah le plaisir d'explorer !

Outre le côté culinaire, il y a certaines habitudes à prendre dans la vie en général. Donner son numéro de téléphone devient vite compliqué, quand on a l'habitude de dire 514-123-4567 et qu'on doit passer à 06 12 34 56 78. Les panneaux routiers demeurent compréhensibles, mais eux aussi comportent leurs différences... et je ne parle pas des ronds-points, dont je garde un drôle de souvenir en ce qui concerne ma première expérience avec cette chose si étrange.

Du côté des relations entres les gens, on passe aussi à quelque chose de nouveau. Les Québécois ont tendance à rapidement appeler les autres par leur prénom et à les tutoyer, ce qui invite à un contact chaleureux, alors que les Français préfèrent opter pour la politesse en vouvoyant et en gardant un contact plus distant au départ. Cela marque également une grande différence au niveau des relations au sein d'une entreprise : la hiérarchie est beaucoup plus marquée en France alors qu'il ne sera pas rare de voir des employés utiliser un ton très amical avec leur patron au Québec. Il ne faut cependant pas prendre les Français pour des gens froids, bien au contraire ! C'est seulement qu'au niveau des habitudes, on préfère laisser les relations évoluer à leur rythme plutôt qu'en devenant automatiquement "ami" avec quelqu'un qu'on rencontre. C'est aussi bien ainsi.

Je pense que j'aurai besoin d'un certain temps pour entièrement m'adapter aux multiples éléments qui marquent toutes les différences entre nos deux cultures, mais ça vient progressivement au fil de chaque visite à Lyon. J'apprends à connaître mon futur pays plus en profondeur et je m'émerveille de chaque nouvelle découverte. Je peux dire, avec assurance, que je pourrai très bientôt m'y sentir chez moi.


mardi 12 avril 2016

La longue épopée des études

Cher Journal,

Me voilà sur le point de terminer mes études à l'Université de Montréal. Je compléterai mon dernier examen dans moins de trois semaines, et dès le début du mois de juin, je serai détentrice de mon baccalauréat en communications ! Voilà un soulagement et j'ai bien hâte d'avoir terminé pour pouvoir me lancer sur le marché du travail.

Ça aurait été simple si j'étais restée au Québec : tout le monde sait ce qu'est un bac et la réputation de l'UdeM n'est pas à prouver. Mais puisque je pars à l'étranger, est-ce que mes études seront reconnues à leur juste valeur ? Si oui, est-ce que je peux simplement présenter mon diplôme actuel ou je vais devoir demander une équivalence d'études ? Quelles sont les possibilités une fois que je serai en France ?

Tout d'abord, il est bon de savoir que plusieurs accords ont été signés entre la France et le Québec, notamment en 2008 lors d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et Jean Charest. Ces accords touchent à la reconnaissance des études et à la rapidité des délais de traitement de la documentation qui y est liée.

Voilà une bonne nouvelle, mais il n'est tout de même pas commun, pour un employeur, d'avoir affaire aux diplômes de candidats étrangers. Les noms et les qualifications, bien que reconnus entre la France et le Québec, sont différents. Par exemple, avoir un baccalauréat ne veut pas dire la même chose d'un pays à l'autre. Au Québec, on obtient ce diplôme au bout de trois ans à l'université. En France, on l'obtient à la fin du lycée ! Ne voulant pas qu'on pense que je sorte du lycée, le mieux à faire pour moi sera de me procurer une attestation de comparabilité d'études.

À cet effet, il existe à Paris une institution, l'ENIC-NARIC, qui s'occupe de procurer ces attestations. Pour des frais de 70€ et des délais d'environ quatre mois, il est possible d'obtenir un papier qui indique que mon bac serait environ comparable à une licence française. Il suffit de se renseigner sur la marche à suivre et il est relativement facile d'obtenir cette attestation.

Une autre possibilité pour moi est de poursuivre mes études en France, idéalement en alternance. Il s'agit d'étudier tout en étant apprentie dans une entreprise en lien avec ma future carrière. Je pourrais ainsi acquérir de l'expérience tout en obtenant un diplôme français, ce qui est très pratique pour plus tard !

Ce n'est qu'une question de paperasse, et j'en viendrai à bout pour obtenir mes diplômes tant convoités.



lundi 4 avril 2016

Déménager : comment ça marche ?

Cher Journal,

Si je te parle de déménager, tu penses fort probablement à la fête du Canada déménagement qui se déroule dans un chaos de camions, de rues encombrées, de gens stressés et de signatures retardataires de baux à chaque 1er juillet. C'était également ce à quoi je pensais, jusqu'à ce que je me rende compte que déménager à l'autre bout du monde, c'est différent.

Étant une femme, une vraie de vraie, il est déjà difficile pour moi de respecter la limite de 23kg lorsque je pars en vacances, alors imagine un peu faire entrer toute ma garde-robe dans une seule valise ! Je me suis sérieusement posé la question "Mais comment vais-je faire ?", à laquelle j'ai pu trouver des réponses au bout d'un peu de réflexion et de recherches.

La première étape consiste à faire un tri et de choisir ce que j'emporterai en priorité. Entre la tonne de chaussures et de vêtements, j'ai commencé par laisser ma collection d'été chez mon chéri, qui la garde précieusement en attendant que je vienne le rejoindre. Il m'est d'ailleurs d'une grande aide, et j'ai déjà laissé plusieurs choses à Lyon, ce qui me facilitera la tâche pour mon aller simple.

D'ailleurs, je me suis renseignée auprès de plusieurs compagnies aériennes quant aux prix et limites entourant les valises supplémentaires. Le poids maximal permis par valise, et ce peu importe la compagnie, est de 32kg. Il faut donc payer l'excédent de poids dépassant 23kg pour la première valise, le supplément pour une deuxième valise et l'excédent de poids pour atteindre le maximum permis. Avec deux valises de 32kg chacune, je pense (et j'espère) être en mesure, pour environ 200$, de déménager mes effets personnels adéquatement. Dans le pire des cas, je pourrai prendre certains objets que j'aurai laissé derrière moi lorsque je viendrai visiter ma famille (très bientôt et très souvent, espérons-le).

Et les meubles ? Est-il mieux de tout vendre ici et de racheter une fois en France, ou est-ce qu'il y a moyen de passer par une compagnie de déménagement à l'international et de tout expédier par bateau ? La question se pose, et il y a lieu de comparer les prix pour essayer de rentabiliser la transition. Pour l'option du déménagement pas bateau, le premier détail à tenir en compte est le nombre et la taille des meubles à transporter, ce qui influencera le prix. Ensuite, selon la distance à parcourir, le prix pourra également varier. Plusieurs utilisateurs et devis sur le web s'entendent pour une somme d'environ 7 000€ (soit à peu près 10 000$) pour 30mètres carrés pour parcourir la distance séparant l'Amérique de l'Europe.

Ça semble élevé, mais considérant la quantité possible à déménager, je pense que ça vaut le coup lorsqu'il s'agit d'emporter avec soi des meubles de grande valeur sentimentale. N'ayant pas encore accumulé autant de biens dans ma jeune vie, ce n'est pas l'option qui me convient le mieux, et ces recherches m'ont donc permis d'arrêter mon choix sur l'achat de nouveaux meubles une fois installée à Lyon.

C'est l'occasion de repartir à neuf, et surtout, de m'amuser à explorer plusieurs idées de décoration !


mardi 22 mars 2016

Première tentative pour le visa

Cher Journal,

Je t'avais déjà prévenu que je rencontrerais probablement des difficultés dans ce long et difficile processus administratif qu'est la demande de visa. Eh bien j'ai vu juste : c'est bel et bien compliqué ! Mais tu te demandes probablement comment ça fonctionne, pour demander un visa ?

Tout d'abord, il faut aller consulter la page du Consulat Général de France à Montréal et trouver la section "visas". Jusque là, tout va bien. Et c'est à peu près la seule chose qui aille bien, en fait. Ensuite, il faut fouiller la longue liste de visas possible et trouver celui qui nous convient. Études, vacances-travail, salarié, rejoindre un conjoint ? Les possibilités sont variées, les conditions et restrictions aussi.

Dans mon cheminement et mes recherches, j'avais éliminé de prime abord le visa d'études et le vacances-travail, ceux-ci ne convenant pas au mode de vie que je souhaite avoir une fois installée à Lyon. À bien y penser, j'avais porté mon choix sur le visa de salariée.

Ça semble à peu près facile, maintenant que j'ai choisi mon visa, je peux simplement suivre la procédure et obtenir la documentation nécessaire. Hé non, raté ! La procédure en question est peu précise et se contredit, mais les papiers à fournir ne semblaient pas trop compliqués à trouver, alors j'ai tenté ma chance en prenant rendez-vous au Consulat.

J'ai ainsi appris, à ma plus grande déception, que pour obtenir un visa de salariée, je dois d'abord me trouver un employeur en France. Cet employeur doit ensuite entamer toutes les démarches pour prouver qu'il n'a pas trouvé de candidat à la hauteur de ses attentes en France et ensuite gérer la paperasse pour me faire venir au pays. Ça se complique, mais comme si ce n'était pas encore assez, cet employeur doit payer la lourde taxe de 55% de mon salaire mensuel brut à l'Office de l'Immigration. En d'autres mots, cette option est à oublier, et je me demande sincèrement quels étrangers sont réellement parvenus à réussir chacune de ces étapes, et surtout quels employeurs acceptent de traverser de telles embûches pour l'embauche d'un seul employé.

Que faire alors ? Je suis présentement dans un nouveau processus de recherches pour explorer davantage de possibilités. Le plan A n'a pas fonctionné, qu'à cela ne tienne ! Il reste encore 25 lettres à l'alphabet. Je ne me laisserai pas abattre et me voilà plus déterminée que jamais à réaliser mon rêve.

Cela m'oblige à revoir mes plans, et mon départ devra être reporté de quelques mois, et cette fois si tout va bien, ce sera vers la fin du mois de juillet ou au début du mois d'août que je m'envolerai vers ma nouvelle vie.

La prochaine tentative sera la bonne !

lundi 7 mars 2016

La distance, à deux

Cher Journal,

Tu te demandes peut-être, comme bien des gens, comment une vilaine Québécoise comme moi a pu rencontrer un maudit Français ? Tu te demandes peut-être aussi comment nous faisons pour entretenir une relation amoureuse malgré la distance ? Voilà une autre question qu'on me pose souvent, à laquelle je réponds avec un grand sourire : l'amour ne connaît pas la distance.

La distance, ce n'est rien d'autre qu'un obstacle. L'amour, ce sentiment qui a lié mon coeur à celui pour qui il bat, est intact. Je ressens la même flamme pour lui, peu importe où il se trouve dans le monde. La distance ne fait que changer notre façon d'exprimer cet amour. S'embrasser, se câliner et se tenir la main ne sont pas des gestes du quotidien, mais les mots doux, les messages et les appels sont notre façon à nous de montrer qu'on se préoccupe l'un de l'autre. Et c'est aussi bien ainsi.

La distance nous a permis de nous centrer d'abord sur l'essentiel d'une relation : la confiance et la volonté de rendre l'autre heureux. Ces notions sont mises à l'épreuve, et passer au travers démontre d'une solidité inébranlable. Nous apprenons aussi à être heureux seuls avant d'apprendre le bonheur à deux.

Malgré tout vient quand même ce désir d'être en présence physique de l'autre, et c'est pour ça qu'il est essentiel de traverser l'océan par moments, lorsque le temps et les moyens le permettent. Ça entretient le côté réel de la relation, qui, selon moi, peut risquer de se perdre si un couple est séparé trop longtemps.

Heureusement, dans l'ère de l'instantanéité dans laquelle nous vivons, les progrès technologiques des dernières années nous permettent de tromper la distance : merci à Skype, Facebook, aux forfaits pour appels à l'international, et j'en passe...

Il ne faut cependant pas se mentir : ce n'est pas une relation facile. Il y a le décalage horaire, le sentiment de solitude qui pèse un peu parfois, les difficultés à prendre des vacances ou à acheter des billets d'avion, etc. Cependant, notre amour est assez fort pour surmonter les difficultés que nous rencontrons, et à chaque fois nous en sortons plus forts. Ce n'est pas une épreuve qui s'affronte seul, et c'est à deux que nous venons à bout de tout cela.

Et les avantages, alors ? Contrairement à ce qu'on peut penser, il y en a plusieurs ! S'étant connus par internet il y a quelques années, nous avons appris à aimer la personnalité de l'autre, et nous avons pu profiter de ce temps pour longuement s'apprécier en tant qu'amis. Nous pouvions affirmer sans aucun doute que nous nous connaissions bien lorsque nous avons commencé à sortir ensemble, au lieu de tout apprendre l'un de l'autre avec une relation débutée trop vite. Et le meilleur ? Chaque rencontre implique forcément un voyage. Espagne, Allemagne, Italie, au coeur de Lyon ? Peu importe, tant qu'on vive cette belle aventure ensemble. Voilà le meilleur des mondes : la joie de se voir au coeur d'un voyage qui nous rapproche.

Voici une série de dessins qui décrit plutôt bien le quotidien d'un couple à distance, et je n'échangerais mon couple pour rien au monde !


lundi 15 février 2016

La guerre des accents

Cher Journal,

Comme tu le sais, je suis Québécoise, et fière de l'être ! À l'image de la culture qui m'a élevée, je suis chaleureuse, souriante, rieuse et accueillante. Je suis fière de mes racines, et comme tout le monde chez moi, j'ai l'accent québécois.

J'ai le plaisir de côtoyer des Français depuis plusieurs années, et malgré toutes les bonnes intentions que peuvent avoir les gens, le même sujet revient : "Ah ! Mais tu es Canadienne, tu as l'accent !", me disent-ils tous avec un grand sourire. Oui, j'ai l'accent québécois, et c'est drôle de voir les réactions des gens alors qu'ils découvrent ma drôle de façon de parler ou des expressions un peu bizarres à leurs oreilles.

Mais ça devient vite lassant de toujours revenir au même sujet de conversation avec chaque personne que je rencontre. À un certain moment, le sentiment que les gens accordent plus d'importance à mon accent plutôt qu'à ce que j'ai à dire devient de plus en plus fort. C'est devenu très frustrant à la longue, c'est pourquoi, par un beau jour, j'ai choisi de prendre l'accent français lorsque je parlerais avec mes amis européens.

Et ça marche ! Incognito, on me prend maintenant pour l'une des leurs, et quand on découvre que je viens du pays des Caribous, on me dit désormais "Ah mais c'est marrant, t'as pas l'accent !". Ainsi, la guerre de l'identité de l'accent se déclare. Du côté québécois, on me dit que je renie mes racines. Du côté français, on me dit que c'est dommage de ne pas faire entendre mon accent aux gens. Mais aucun de ces deux partis me tient compte de ce qui me plaît, à moi. 

Mon identité se bâtit-elle réellement autour de mon accent ? Est-ce que je perds vraiment ce qui me qualifie de Québécoise lorsque je traverse l'océan ? Je garde mon accent québécois quand je suis au Québec. J'adapte lorsque je vais en France. Pourrait-on dire que j'ai une double identité, au même titre que j'aurai, d'ici quelques années peut-être, une double nationalité ? Quand on y pense, c'est une idée séduisante. J'embrasserai mes deux identités sans faire entrer l'une en conflit avec l'autre. Elles vivront tout simplement en moi, en harmonie.